Par
Pascal-Olivier OUVRARD
Le 12/06/2022
La phobie désigne la peur exagérée et l'évitement de certaines situations, de certains objets ou de certains phénomènes. Elle s'inscrit dans la catégorie des troubles anxieux. Contrairement à l'anxiété généralisée, la phobie se déclenche en présence d' un objet spécifique.
On distingue trois grandes catégories de phobies :
L'agoraphobie, avec ou sans trouble panique, qui désigne la peur des situations qu'on ne contrôle pas.
La phobie sociale qui se caractérise par la peur du regard des autres ou la peur du contact physique.
Les phobies spécifiques qui portent sur des objets ou des situations spécifiques : La phobie des araignées...
Les phobies spécifiques :
Phobies animales (zoophobies) : peur des araignées, peur des serpents (ophiophobie), peur des félins, peur des rats, peur des oiseaux, peur des reptiles (herpétophobie), peur des rongeurs (musophobie)...
Phobies liées à l'environnement naturel : peur de la forêt, peur de l'eau, peur de l'orage, peur du vide (acrophobie)...
Phobies situationnelles : peur de l'avion, peur de conduire, peur du sang (hémophobie), peur des opérations, peur des aiguilles, peur d'être séparé de son téléphone portable (nomophobie)...
Phobies liées à l'imaginaire : peur des fantômes, peur des esprits, peur des loup-garous...
Phobies liées à l'apparence ou au physique : peur des pieds, peur des organes sexuels...
Phobies liés à des sentiments : peur d'être seul, peur d'avoir peur...
La phobie sociale repose sur plusieurs types de facteurs. Elle peut être la conséquence d'une expérience sociale humiliante, ou d'un événement traumatisant : moqueries, agression, mise à l'écart. La phobie sociale peut également trouver son origine dans l'enfance, avec des parents isolés socialement ou surprotecteurs. Cette forme d'anxiété affecte le plus souvent les adolescents, et davantage les femmes que les hommes.
Parmi les situations qui déclenchent l'apparition des symptômes :
- la nouveauté,
- la prise de parole en public,
- l'exposition au regard des autres.
Les symptômes caractéristiques de la phobie sociale sont des crises d'angoisse, un sentiment de honte, le repli sur soi, la peur d'être jugé, des pensées négatives et une mauvaise estime de soi. La phobie sociale se traduit également par des comportements d'évitement et de dissimulation : refus d'invitations voire de promotion professionnelle pour éviter la prise de parole, éviter de regarder les autres personnes dans les yeux, éviter de donner son avis. La phobie sociale peut aussi s'exprimer physiquement : tremblements, vertiges, augmentation du rythme cardiaque, transpiration, rougissement.
La phobie sociale correspond à la peur intense du jugement de l’autre dans toutes les situations qui demandent une mise en avant de soi-même : prise de parole en public, entretien d’embauche, discours, etc.
Un lien a été établi avec l’éducation reçue : si l’attitude parentale est peu bienveillante dans l’enfance, le risque de basculer dans la phobie sociale devient alors plus fort.
L'agoraphobie
Les agoraphobes souffrent d'anxiété dans la foule et, de manière plus générale, partout où ils risquent de se sentir coincés et de ne pas obtenir rapidement de l’aide s’ils se sentaient mal. Ce n’est pas tant le lieu qui est craint mais sa configuration.
Les peurs les plus souvent évoquées dans le cadre de cette phobie : perte de connaissance, peur de tomber, d'avoir une crise cardiaque ou de devenir fou.
Les lieux les plus redoutés : cinémas, restaurants, centres commerciaux, églises, supermarchés, ponts, transports en commun, autoroutes.
La claustrophobie
La claustrophobie en est une forme particulière et limitée de l’agoraphobie, elle est également relative au lieu dans lequel l’individu se trouve.
Elle concerne davantage les espaces clos ou confinés comme les ascenseurs.
Les symptômes ressentis sont les suivants : peur de manquer d’air, de ne jamais réussir à sortir et peur de voir les murs se rétrécir.
La claustrophobie, c’est la peur de l’enfermement.
L'aérophobie
Le nom de cette phobie est moins connue que sa peur elle-même : celle des avions.
Prendre l’avion pour un aérophobe est quelque chose d’inenvisageable, celui-ci étant persuadé qu’il va mourir pendant le vol, au décollage ou à l’atterrissage et ce, quel que soit l’engin ou le trajet (30 min ou 8 heures).
Pour celui qui arrive à le prendre, la peur apparaît bien avant le départ, dès que le voyage est programmé et s’accroît au fur et à mesure que la date du voyage s’approche pour devenir intense dans les quelques heures précédant le vol pour atteindre son paroxysme avec un état d’hypervigilance durant tout le vol.
L’arachnophobie
L’arachnophobie est la peur des araignées. Nous serions approximativement 26 millions à redouter ces petites bêtes à 8 pattes, qu’elles soient minuscules ou énormes, poilues ou non, inoffensives ou vénéneuses.
Cette peur peut être handicapante au quotidien car les araignées font partie de notre environnement. La vue des araignées génère de l’anxiété, ce qui perturbe la respiration et dérègle le circuit de la pensée rationnelle. Conséquences : tachycardie, vertiges, maux de ventre, crises de panique, voire vomissements ou évanouissements. Autant de symptômes sur lesquels la personne n’a aucune maîtrise...
La zoophobie
La zoophobie est la peur de l’animal en général. Elle peut concerner un animal en particulier comme les serpents, les abeilles ou encore les chiens ou les chats.
Cette peur irrationnelle concerne tout ce qui n'est pas humain et se manifeste de la manière suivante : angoisse en présence d’un ou de plusieurs animaux, pensées dites intrusives en lien avec des animaux, crise de panique à la vue d’animaux, etc.
Ces individus sont dans l’impossibilité physique et psychologique de se rendre dans un zoo.
La brontophobie
La brontophobie est la peur de l’orage, du tonnerre et des éclairs. Une personne brontophobe ne pourra pas par exemple dormir sous une tente en camping si le temps est incertain.
Le terme est peu connu mais la phobie est fréquente.
L'émétophobie
L'émétophobie est une peur irrationnelle de vomir : peur de vomir en public, peur de voir un autre individu vomir, peur de regarder des gestes de vomissement ou d'avoir des nausées.
L’individu concerné va alors développer des conduites d’évitement : il ne va pas consommer d’alcool, ne va jamais faire de repas riches pouvant même aller jusqu’à développer des troubles anorexiques, il ne pas manger quelque chose d’entamé même si c’est encore bon, etc.
L’émétophobie serait l'une des phobies les plus répandues dans le monde.
L’hypocondrie
Se caractérise par une peur et une anxiété permanente et excessive concernant la santé et le bon fonctionnement de l’organisme d’un individu, l'hypocondrie se traduit au quotidien par une écoute obsessionnelle de son corps et une interprétation erronée des signaux organiques envoyés. L’hypocondriaque étant ainsi persuadé d’avoir un mal incurable….
Ne pas confondre avec d'autres troubles
Pour qu'une phobie soit caractérisée, le sujet ne doit pas souffrir d'un autre trouble qui pourrait mieux expliquer son état comme un trouble obsessionnel-compulsif, une anxiété généralisée, une schizophrénie (dans le cas des phobies imaginaires), une personnalité paranoïaque ou un stress post-traumatique.
Les phobies peuvent provoquer :
- Des conduites irrationnelles,
- Des manifestations somatiques importantes (essoufflement, palpitations, suées, tremblements, nausées, vertiges, jambes en coton...)
- Des attaques de panique où le sujet est paralysé, tétanisé
La phobie se reconnaît à la présence de plusieurs des symptômes, comme une peur irraisonnée, intense et excessive de certains phénomènes, ou de la simple représentation mentale de ces phénomènes, une réaction anxieuse immédiate lorsque le sujet est confronté au phénomène redouté, une conscience du caractère excessif et non justifié de la crainte ou un évitement systématique des situations redoutées pouvant entraîner des problèmes dans les relations sociales, personnelles ou professionnelles.
L'hypnothérapie pour le traitement d'une phobie
L’hypnose permet d’identifier et faire disparaitre l’objet du stress du consultant. Le praticien peut être amené à revenir aux origines de la peur. Le but de l’exercice étant d’apporter une réponse adaptée à la situation qui s’inscrira dans l’inconscient.
La durée du travail en hypnose pour venir à bout d’une phobie variera d’un patient à l’autre, mais quelques séances suffiront pour venir à bout de ce trouble.
En TCC, on cherche à comprendre comment la personne entretient cette phobie, Quelles sont les pensées qui y sont rattachée ? Quelles stratégies d’évitement ont été élaborées ? Avec quels impacts sur la vie quotidienne ?
Le thérapeute établit avec le patient un programme d’ « exercices » thérapeutiques individualisés. Le principe : l’exposer, de manière progressive, à l’objet de sa peur. Le thérapeute augmente graduellement la difficulté des exercices mais le patient se sent de plus en plus à l’aise parce qu’il apprend à gérer les émotions et les pensées liées à sa phobie.
Associées à l'hypnose les TCC sont complémentaires et permettent un changement rapide.